Entre le pouvoir et l’opposition parlementaire incarnée par Benno Bokk Yakaar, le calme est revenu après la passe d’armes entre Abdou Mbow et le porte-parole du gouvernement, Moustapha Sarré. Cette accalmie est consécutive à l’implication active du Président Macky Sall, qui tient les manettes de l’extérieur où il se trouve.
D’après le journal « Point Actu », sous ce rapport, les députés de la Coalition BBY entendent privilégier « la concertation, le dialogue interne, dans le souci d’harmoniser leur position sur toutes les questions d’intérêt national, sans compromis ni compromission. Enfin, les députés ont réitéré leur attachement au respect de la Constitution et des lois républicaines », lit-on dans le communiqué signé par le président du groupe parlementaire de BBY, Abdou Mbow. Une posture moins belliqueuse que la récente sortie du président Abdou Mbow, réagissant à la déclaration du ministre Moustapha Ndieck Sarré, ministre de la Formation professionnelle, porte-parole du gouvernement.
Les hostilités sont parties dimanche dernier. Invité de l’émission « Grand Jury » sur RFM, Moustapha Sarré, s’est prononcé sur une éventuelle motion de censure contre le gouvernement dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko. « Les députés de l’opposition sont dans l’obligation de prendre compte des résultats du scrutin présidentiel du 24 mars 2024, pour ne pas être désavoués par le peuple », a-t-il déclaré.
A l’en croire, ce serait ramer à contre-courant de la vérité des urnes du 24 mars dernier, lors de la Présidentielle. Puis, dans un ton à l’allure menaçante, il ajoute : » si jamais il arrivait que des personnes chercheraient à faire tomber le gouvernement, mais ils auront en face d’eux certainement toute l’opinion publique du Sénégal, en tout cas la plus grande partie de l’opinion ». Ce propos n’a pas laissé indifférent le Groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar.
Son président Abdou Mbow prend acte de cette volonté exprimée par le Premier ministre, qui est conforme à la lettre de la Constitution et contre-attaque : « la motion de censure fait partie de la panoplie d’instruments de contrôle de l’action gouvernementale, dont dispose l’Assemblée nationale ». Il précise que la mise en œuvre de la motion de censure, « relève exclusivement, de la compétence des députés quant à l’appréciation qu’ils feront du contenu de la déclaration de politique générale du Premier ministre, comme ce fut le cas de la motion de censure déposée par le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, suite à la Déclaration de politique générale du premier Ministre Amadou Bâ ». Il précise que « toute velléité de menaces sur les députés de Benno Bokk Yakaar devient superflue, voire superfétatoire » et appelle le gouvernement à respecter le principe de la séparation des pouvoirs.
Cette passe d’armes semble définitivement enterrée. Une source proche de l’APR informe que l’accalmie est consécutive à l’implication active du président Macky Sall, dans ce qui commençait à être un bras de fer entre le pouvoir et Benno. La même source indique que Macky Sall était particulièrement remonté contre Abdou Mbow. Désormais, il ne sera plus question de motion de censure. Mieux, la Loi de Finances rectificative annoncée par le pouvoir passera, à en croire notre source, comme lettre à la poste. En termes clairs, il n’y aura aucun obstacle au vote de la Loi de finances rectificative envisagée par les nouveaux tenants du pouvoir. Même les instances, notamment le Secrétariat exécutif national (SEN) de l’APR, est resté silencieux depuis la défaite du 24 mars dernier.
En retour de cette disponibilité de la majorité à l’assemblée incarnée par Benno, le gouvernement s’est gardé de toute attaque contre le président sortant. En dehors de cette petite phrase de Diomaye Faye, faisant état d’une situation déplorable, le gouvernement évite de se prononcer sur l’état des finances. Une posture totalement aux antipodes des premières déclarations de Macky Sall, fraîchement arrivé au pouvoir. A Touba où il était, alors, en visite, le président Macky Sall avait déclaré n’avoir rien trouvé dans les caisses de l’Etat.